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Texte : www.bible-en-ligne.net 1 La parole de l'Éternel qui fut adressée à Sophonie, fils de Cuschi, fils de Guedalia, fils d'Amaria, fils d'Ézéchias, au temps de Josias, fils d'Amon, roi de Juda. 2 Je détruirai tout sur la face de la terre, Dit l'Éternel. 3 Je détruirai les hommes et les bêtes, Les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, Les objets de scandale, et les méchants avec eux; J'exterminerai les hommes de la face de la terre, Dit l'Éternel. 4 J'étendrai ma main sur Juda, Et sur tous les habitants de Jérusalem; J'exterminerai de ce lieu les restes de Baal, Le nom de ses ministres et les prêtres avec eux, 5 Ceux qui se prosternent sur les toits devant l'armée des cieux, Ceux qui se prosternent en jurant par l'Éternel Et en jurant par leur roi, 6 Ceux qui se sont détournés de l'Éternel, Et ceux qui ne cherchent pas l'Éternel, Qui ne le consultent pas. 7 Silence devant le Seigneur, l'Éternel! Car le jour de l'Éternel est proche, Car l'Éternel a préparé le sacrifice, Il a choisi ses conviés. 8 Au jour du sacrifice de l'Éternel, Je châtierai les princes et les fils du roi, Et tous ceux qui portent des vêtements étrangers. 9 En ce jour-là, je châtierai tous ceux qui sautent par-dessus le seuil, Ceux qui remplissent de violence et de fraude la maison de leur maître. 10 En ce jour-là, dit l'Éternel, Il y aura des cris à la porte des poissons, Des lamentations dans l'autre quartier de la ville, Et un grand désastre sur les collines. 11 Gémissez, habitants de Macthesch! Car tous ceux qui trafiquent sont détruits, Tous les hommes chargés d'argent sont exterminés. 12 En ce temps-là, je fouillerai Jérusalem avec des lampes, Et je châtierai les hommes qui reposent sur leurs lies, Et qui disent dans leur coeur: L'Éternel ne fait ni bien ni mal. 13 Leurs biens seront au pillage, Et leurs maisons seront dévastées; Ils auront bâti des maisons, qu'ils n'habiteront plus, Ils auront planté des vignes, dont ils ne boiront plus le vin. 14 Le grand jour de l'Éternel est proche, Il est proche, il arrive en toute hâte; Le jour de l'Éternel fait entendre sa voix, Et le héros pousse des cris amers. 15 Ce jour est un jour de fureur, Un jour de détresse et d'angoisse, Un jour de ravage et de destruction, Un jour de ténèbres et d'obscurité, Un jour de nuées et de brouillards, 16 Un jour où retentiront la trompette et les cris de guerre Contre les villes fortes et les tours élevées. 17 Je mettrai les hommes dans la détresse, Et ils marcheront comme des aveugles, Parce qu'ils ont péché contre l'Éternel; Je répandrai leur sang comme de la poussière, Et leur chair comme de l'ordure. 18 Ni leur argent ni leur or ne pourront les délivrer, Au jour de la fureur de l'Éternel; Par le feu de sa jalousie tout le pays sera consumé; Car il détruira soudain tous les habitants du pays. Prédication : Sophonie Chers amis, Nous voici déjà au 3e dimanche de l'Avent ! Nous nous préparons à la venue du Seigneur ! Savons-nous bien de quoi nous parlons ? De qui nous parlons ? Quel est ce Seigneur que nous disons attendre ? Est-ce bien sa venue que nous espérons ? Où est-ce devenu simplement une formule habituelle, creuse, vide de sens ? Si nous en croyons les prophètes comme Sophonie, Malachie, Amos, et les autres, il y a de quoi craindre la rencontre ! Le prophète Sophonie en particulier a une façon de présenter le jour du Seigneur qui peut nous faire froid dans le dos ! Il y a de quoi trembler ! Et sa présentation du Jour du Seigneur fait partie des pages les plus sombres du premier Testament ! Car le jour du Seigneur que Sophonie nous décrit au début de son livre est redoutable; voilà comment ça commence, au tout premier verset de ce livre prophétique : "Je détruirai tout sur la face de la terre, dit l'Eternel" (1, 2) ...  C'est comme la création à l'envers, tout ce que Dieu a créé est voué à la destruction :  "Je détruirai les hommes et les bêtes, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, les objets de scandale et les méchants avec eux; j'exterminerai les hommes de la face de la terre ..." (v. 3)  Et encore : "Je châtierai les hommes qui reposent dans leurs ordures et qui disent dans leur coeur : "l'Eternel ne fait ni bien ni mal" (1, 12)  Le jour du Seigneur est en fait un jour de colère, (pensez au dramatique dies irae que Mozart a composé dans son Requiem). Colère de Dieu devant ce monde qui marche sur la tête, où les hommes se détestent, se jalousent et s'entretuent. Ne gommons pas trop vite cette colère de Dieu, comme voudrait nous y pousser le choix de la lecture d'aujourd'hui. Car on ne nous propose d'entendre que la promesse de restauration que Sophonie proclame à la fin de son livre. Mais cette déclaration d'amour de Dieu ne prend son sens que sur l'arrière-fond de sa grande colère à l'égard du mal, à l'égard du péché. Il est un Dieu saint, et le mal et l'injustice lui font horreur. Ne passons pas trop vite à l'enfant Jésus, si petit et si inoffensif dans sa crèche. Le dégoût de Dieu devant le péché des hommes n'en demeure pas moins ; il entend les cris des victimes, ceux que l'on tourmente, que l'on fait souffrir aux 4 coins du monde, ou ceux qui étouffent de misère ou de solitude, aujourd'hui encore... Ne passons pas trop vite sur toute cette souffrance pour proclamer l'amour inconditionnel de Dieu pour sa création. Car alors notre message n'a plus aucun relief, aucune crédibilité, plus aucun point d'accroche. Le Jour du Seigneur que proclame Sophonie n'est pas une fin en soi. Mais le but de cette intervention de Dieu, c'est la purification. Car malgré les expressions quasi outrancières de Sophonie, ce n'est pas la mort des humains ni la fin de la terre que souhaite le Seigneur, mais l'abandon du péché. Je donne encore la parole à Sophonie : 3, 1-9: "Malheur à la ville rebelle et souillée, à la ville pleine de violence. ELle n'a pas écouté l'appel, elle n'a pas accepté le châtiment, à l'Eternel ne s'est pas fiée, de son Dieu elle ne s'est pas approchée. Ses chefs sont des lions rugissants, ses juges, des loups de la nuit qui ne gardent pas d'os pour le lendemain, ses prophètes, des fourbes, des traîtres, ses prêtres violent la loi et profanent les choses saintes. L'Eternel est juste au milieu d'elle, jamais le contraire ; chaque matin, il produit à la lumière ses jugements, sans jamais y manquer. Mais celui qui est inique ne connaît pas la honte. J'ai exterminé des nations, leurs tours sont détruites ; j'ai dévasté leurs rues, plus de passants ! Leurs villes sont ravagées, plus d'hommes, plus d'habitants ! Je disais : si du moins tu voulais me craindre, avoir égard à la correction, ta demeure ne serait pas détruite. Tous les châtiments dont je t'ai menacée n'arriveraient pas. Mais ils se sont dépêchés de pervertir tous leurs gestes. Voilà pourquoi moi je vous dis, parole de l'Eternel, attendez-moi, au jour où je me lèverai pour témoigner, et décréterai que les nations s'assemblent et les royaumes se réunissent, pour déverser sur eux toute ma colère, le feu qui brûle ma face - le feu de ma fureur mangera la terre entière. Alors je donnerai aux peuples des lèvres pures pour qu'ils invoquent tous le nom de l'Eternel..." C'est le changement de conduite que souhaite le Seigneur, l'arrêt des injustices, des mesquineries et de l'indifférence, l'arrêt du "chacun pour soi et Dieu pour personne"... Mais comment faire ?! Et les prophètes nous montrent quelque chose d'extraordinaire, ils nous montrent un Dieu comme en débat avec lui-même. Car il voit que les punitions et les châtiments n'ont pas changé la conduite de son peuple (v. 2 : ils n'écoutent aucune voix, ils n'ont aucun égard à la correction). Dieu appesantit sa main sur le peuple, et les prophètes lisent les malheurs d'Israël comme le châtiment de Dieu : les guerres incessantes, la scission en royaume du Nord et royaume du Sud... N'oublions pas que 10 des douze tribus, déportées par les Assyriens au lendemain de la chute de Samarie en 721 disparaissent dans les soubresauts de l'histoire... On n'en entend plus parler par la suite, de cette partie-là du peuple élu... Disparue aux 4 vents de l'histoire humaine. Vient ensuite la suprême épreuve, celle de la conquête de Jérusalem et de la déportation par les Babyloniens : la punition ne saurait aller plus loin, sinon c'est la fin définitive du peuple que Dieu s'est choisi, le peuple dépositaire des promesses faites à Abraham, et plus tard à David... Alors les prophètes nous montrent que Dieu s'interroge. Que faire pour corriger ce peuple rebelle ? Écoutez comment le prophète Osée montre les sentiments qui agitent Dieu, dans une espèce de récapitulatif de son histoire avec Israël : Osée 11 (1-4 et 8-9) :  "Quand Israël était jeune, je l'aimais, et j'appelai mon fils hors d'Égypte. Mais ils se sont éloignés de ceux qui les appelaient; ils ont sacrifié aux dieux étrangers et offert de l'encens aux idoles. C'est moi qui guidai les pas de mon peuple, le soutenant par ses bras. Et ils n'ont pas vu que je les guérissais. Je les tirai avec des liens d'humanité, avec des cordages d'amour. Que ferai-je de toi , mon peuple? Dois-je te livrer ?... Mon cœur s'agite au-dedans de moi, toutes mes compassions sont émues. Je n'agirai pas selon mon ardente colère, je renonce à détruire mon peuple. Car je suis Dieu, et non pas un homme, je suis le Saint au milieu de toi; je ne viendrai pas avec colère".  Écoutez ce combat que Dieu se livre à lui-même, entre sa sainteté et sa miséricorde pour ainsi dire, entre son sens de la justice et sa compassion pour la faible créature humaine... Encore un passage émouvant : Dieu se met en quête de l'homme, et celui-ci ne veut rien savoir, quelle dramatique ironie. Chez Esaïe, je lis (65,1-2) :  "J'ai exaucé ceux qui ne demandaient rien, je me suis laissé trouver par ceux qui ne me cherchaient pas; j'ai dit : me voici, me voici ! à une nation qui ne s'appelait pas de mon nom. J'ai tendu mes mains tous les jours vers un peuple rebelle, qui marche dans une voie mauvais au gré de ses pensées". Le Tout-Puissant s'abaisse jusqu'à supplier : Michée 6,3   "Mon peuple, que t'ai-je fait ? En quoi t'ai-je fatigué ? Réponds-moi!" Revenons au prophète Sophonie : après avoir annoncé la violente colère de Dieu, il trouve des accents poignants pour décrire son amour, plus fort que tout 3,17 : "L'Eternel, ton Dieu, est au milieu de toi, comme un héros qui sauve; il fera de toi sa plus grande joie; il gardera le silence dans son amour; il aura pour toi des transports d'allégresse"... Quelle déclaration d'amour peut être plus profonde et plus ardente ? (Cet amour insensé de Dieu pour ses créatures, la Bible l'exprime souvent en parlant de Dieu comme de notre Père (et pas seulement le NT, contrairement aux idées reçues!) Les Israélites sont souvent présentés comme ses enfants (Ex 4,22; Os 2,1; Es 1,2; Jr 31,20) et Dieu se présente comme leur père (Mal 1,6 "Si je suis père..."; Jr 3,19 :"Je disais : vous m'appellerez mon Père..." - ce n'est encore pas évident; Dt 32,6; Jr 31,9 :"oui, je deviens un père pour Israël" Cf Osée 11,8, note q. Esaïe 63,16 et 64,7, affirmation enfin claire et nette de la paternité, aboutissement provisoire d'une évolution : 63, 16 : "Tu es cependant notre père (...) c'est toi, Eternel, qui es notre père, qui, dès l'éternité, t'appelles notre sauveur"; 64, 7 : "Cependant, ô Eternel, tu es notre père; nous sommes l'argile, et c'est toi qui nous as formés, nous sommes tous l'ouvrage de tes mains"). Et la Bible est encore plus progressiste que cela : elle nous parle même de Dieu comme d'une mère "Comme un homme que sa mère console, ainsi je vous consolerai. Vous le verrez, et votre coeur sera dans la joie" (Es 66,13- 14). Et bien d'autres passages... (Es 42,14; Dt 32,18; Jb 38,28-29; Es 49,15; Os 13,8; Ps 123,2b)...) L'aboutissement de cette sorte de débat auquel nous assistons, vous le connaissez : c'est la venue de Dieu en Jésus-Christ au plus bas, au plus profond de notre condition humaine. Mais nous n'en saisissons vraiment le sens que si nous nous rappelons que l'incarnation est un aboutissement, càd que Dieu renonce au châtiment pour ne plus proposer que l'amour, humblement. C'est un renversement des rôles, c'est Dieu qui nous supplie de le recevoir; nous qui ne sommes qu'un peu de poussière, nous sommes appelés à devenir la demeure de celui qui est le créateur de l'univers... Folie de Dieu, amour fou de Dieu, qui , à Noël, attend notre naissance.  Amen Annette Goll-Reutenauer
Sophonie 1