Eglise Protestante Unie de France Paroisse de Montbéliard 18 rue Viette 25200 Montbéliard Pasteur Hugues Girardey Téléphone +33 3 81 91 03 69 Mobile +33 6 37 65 53 89 pasteur@temple-saint-martin.org
Église Protestante Unie de France Paroisse de Montbéliard Temple Saint-Martin
Marc 16,1-8 Texte : www.bible-en-ligne.net 1 Lorsque le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates, afin d'aller embaumer Jésus. 2 Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre, de grand matin, comme le soleil venait de se lever. 3 Elles disaient entre elles: Qui nous roulera la pierre loin de l'entrée du sépulcre? 4 Et, levant les yeux, elles aperçurent que la pierre, qui était très grande, avait été roulée. 5 Elles entrèrent dans le sépulcre, virent un jeune homme assis à droite vêtu d'une robe blanche, et elles furent épouvantées. 6 Il leur dit: Ne vous épouvantez pas; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié; il est ressuscité, il n'est point ici; voici le lieu où on l'avait mis. 7 Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il vous précède en Galilée: c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit. 8 Elles sortirent du sépulcre et s'enfuirent. La peur et le trouble les avaient saisies; et elles ne dirent rien à personne, à cause de leur effroi. Prédication : Culte de Pâques Dimanche 8 avril 2007 - Montbéliard  Les trois femmes au tombeau Marc 16,1-8 Le matin de Pâques les choses ne se passent pas comme prévu !! les trois femmes ont trois surprises. 1. Le tombeau est ouvert, ce n'était pas prévu. Les femmes avaient tout prévu pour que tout reste mort, terminé, emmuré, enfermé, verrouillé. Comme dans une institution, où tout est prévu d’avance, où nous cherchons la confirmation de nos idées, 2. Deuxième surprise : Jésus n’est plus dans le tombeau, les femmes pensaient trouver Jésus mort, mais à sa place, là où il ne dérange plus, sous contrôle, comme un mort. 3. La 3ème surprise : le tombeau n’est pas totalement vide, il y a quelqu’un dedans, quelqu’un que les femmes n’avaient pas prévu de rencontrer. Et justement, cet homme a quelque chose à dire !  Vous cherchez Jésus ? Il n’est plus là Vous vouliez cultiver votre passé, il vous faut vous tourner vers votre présent Vous vouliez en terminer avec le corps de votre Seigneur, il vous faut reprendre le chemin de ses Paroles Vous vouliez le conserver, dans un bâtiment, dans un tombeau, il est dehors là où vous vivez ! L’homme dit   Il est ressuscité. On plus, la résurrection, ce n’était pas prévu ! ! Ou plutôt : ce n’était pas prévu si tôt ! Jésus ressuscite, cela fait partie du catéchisme que ces femmes croient, d’autant plus que Jésus l’avait annoncé lui-même. Mais ce qui n’était pas prévu, c’est qu’il ressuscite si tôt ! ! Cela veut dire que la résurrection  n’est plus une histoire qui se passe après la mort, tranquillement, mais cela veut dire que la résurrection qualifie dès maintenant ma vie actuelle : Écoute Pierre : Je t'arrête tout de suite. J'étais au culte de Pâques l'année dernière et tu dis la même chose que l'an passé Et bien, au moins, l'année dernière, tu as bien écouté et tu t'en es souvenu. Bon, mais tu dis la même chose quand même Oui, mais c'est le même texte biblique que l'année dernière! Et cela fait même 2000 ans  qu'on répète les mêmes textes à chaque dimanche de Pâques C'est vrai Et tu nous parles de surprises, de choses pas prévues le tombeau ouvert, vide, mais pas totalement vide et Jésus qui est ressuscite plus tôt que prévu Tu as bien écouté Et pourquoi ne parles-tu pas de la résurrection, elle même? Parce que le texte n'en parle pas!! Mais le texte dit que Jésus est ressuscité : il s'est réveillé des morts cela veut bien dire qu'il est ressuscité ! C'est vrai. Le texte dit :  il a été réveillé, il est ressuscité mais le texte ne décrit pas la résurrection! Alors faisons, ce matin de Pâques, ce qui n'est pas prévu, puisque Pâques c'est l'imprévu : c'est quoi une résurrection, comment ça se passe, et moi, Comment est-ce que moi je vais ressusciter ? Là tu m'embêtes parce que les textes bibliques de Pâques ne décrivent pas la résurrection !!! Oui, mais il y a bien des théologiens qui ont essayé de dire quelque chose sur la résurrection. Les théologiens sont paraît-il très fort pour parler de ce qu'on ne sait pas !! Non ! Ce n’est pas exact : les théologiens essaient de comprendre à partir de textes et de témoignages. Et essaient de retransmettre le message pour leur temps et pour les gens. Moi, je vais partir de Paul, de l'Apôtre Paul Tu aimes bien Paul. Oui : il est le premier écrivain chrétien. Et il a traduit ses convictions, sa foi pour les gens de son époque : des citadins, grecs. Et justement il y avait des gens qui se demandaient : Puisqu’il y a une résurrection, comment ça va se passer !!! On écoute Paul ! Tu  as fait un catéchisme ? alors tu vas trouver dans ta Bible : 1 Thess 4,13a.16-17     et tu lis : ....... Cette lettre c’est la première lettre de Paul : Le Seigneur descend du Ciel, la trompette de Dieu, la voix de l'archange, les vivants et les morts s’envolent ! Que faut-il dire de cela ? Paul reprend ici les traditions de son époque, les traditions juives sur la venue du fils de l'homme, sur les nuées. Paul se contente de citer les enseignements reçus, il les cite et les utilise pour réconforter les gens auxquels il écrit : "nous serons toujours avec le Seigneur". Les représentations en tant que tel n'intéressent pas Paul: l'accent porte sur la solidité de l'espérance reçue : "réconfortez-vous les uns les autres". Maintenant tu lis 1Co 15,35-40 que Paul a écrit quelques années plus tard Je lis. J'espère qu’il y a moins de trompette    .....1 Corinthiens 15,35-41 Quelques années plus tard, en écrivant aux gens de Corinthe, Paul reprend cette question. Paul reprend les mêmes images que dans sa lettre aux Thessaloniciens. Mais il utilise aussi d'autres images comme celle du grain:on sème un grain nu de blé ou d'autre chose, puis Dieu lui donne corps !!! Le langage est ici différent, l'image est nouvelle. Nouvelle chez Paul, mais pas nouvelle à son époque: Paul reprend ici des images grecques. Paul a recours à cette tradition littéraire pour dire à nouveau ce qu'il estime important de dire : la résurrection est l'achèvement logique, dans le plan de Dieu, de ce qui a été commencé avec la résurrection de Jésus. Là aussi Paul utilise des images connues, il utilise un langage connu pour dire sa foi et son espérance. La tradition n'est plus juive mais grecque; mais l'une et l'autre représentation servent à traduire sa foi en Jésus mort et ressuscité. Une ou deux années plus tard, Paul écrira encore aux Corinthiens, et dans un passage de la 2ème lettre, que je ne te demande pas de lire, Paul reprendra cette question de l'après mort, de la résurrection. Il n'utilisera pas l'image juive des trompettes, des nuées, il n'utilisera pas non plus l'image du grain qui meurt pour donner vie, mais il utilisera les images spatiales des 2 demeures, des 2 tentes, des deux vêtements .. pour dire la fragilité de nos vies, et la confiance du croyant: toute notre vie est déterminée par la Croix: liberté devant la mort, ouverture pour le futur, liberté pour le service. Haut de page Maintenant tu lis  - Romains 8,38-39 - Romains 14,7-9 Je lis:      .... Et bien c'est bref ça manque d'images Tu as raison. Dans cette lettre : pas de trompette, de nuées, de voix de l'archange. Pas d’image du grain, ou des deux demeures, des deux vêtements, mais nous trouvons uniquement ces affirmations que nous avons lues : la conviction que rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ. En langage théologique, on appelle cela : La compréhension existentielle de la foi ! Ça veut dire : ma compréhension de la vie, du Monde, de Dieu, de moi est déterminé par l’événement Jésus Christ: Les passages des lettres aux Thessaloniciens et aux Corinthiens avaient pour objet de répondre à la question "après la mort qu'y-a-t-il"? Pour cela Paul reprend à son compte les traditions juives et grecques au service de sa conviction: Dieu est présent. Les passages de la lettre aux Romains ne répondent plus à la question "après la mort qu'y-a-t-il?" , mais ces passages affirme la liberté chrétiennes à l'égard des puissances de la mort: ni la mort, ni la vie ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en notre Seigneur Jésus Christ. La nécessité des représentations de l'après-mort a disparu,pour laisser place à la confiance affirmée en la seigneurie Christ sur les morts et sur les vivants. Paul semble renoncer aux descriptions, aux images, à la place il pose une confession de foi : soit que nous mourrions, soit que nous vivions, nous sommes au Seigneur! Voilà ce petit parcours dans les lettres de l'apôtre Paul. C'est bien beau tout cela mais quelles conclusions tu en tires ? et rapide parce que sinon le culte va être trop long. En principe une prédication c’est 20 minutes maximum ! C'est vrai   mais 1. au XIX° siècle, c’était 1 heure, et pas loin de 2 heures au XVI° 2. aujourd'hui c'est Pâques, on peu faire un effort 3. et c'est toi qui introduit l'imprévu de Pâques qui nous conduit sur des chemins différents. Puisque c’est Pâques on va donc encore prendre 5 minutes pour la conclusion : 1. Tout d'abord, la pensée de Paul évolue, en quelques années. La langage pour dire Dieu, pour dire sa foi n'est pas figé une fois pour toute. Et suivant à qui il s'adresse, Paul n'emploie pas le même langage. Suivant son âge, suivant peut-être aussi sa réflexion ! Le seul socle qui ne bouge pas, c'est l'événement JC: Paul ne peut pas plus faire l'impasse sur Jésus Christ, sa vie est d'une certaine manière liée, à cet événement. Mais la manière dont il en rend compte, la manière avec laquelle il dit sa foi, change! Je crois que chacun d'entre nous est dans cette situation: lorsque je parle à un enfant de 8 ans, je ne dis pas ma foi comme je l'a dirai à un jeune de 16 ans, ou comme je la dirai à une personne de 40 ans. De même, ce que j'ai dit le jour de ma communion, je ne le dirai pas de la même manière aujourd'hui, pas avec les mêmes images, les mêmes mots 2. La deuxième conclusion est la suivante: Paul est de plus en plus indifférent aux images de l'après-mort. Il utilise ces images, il travaille avec ces images, mais pour lui le message de l'Evangile n'est pas un savoir une description sur l'après-mort, aucune image n'est en elle-même ni vrai, ni fausse, ce qui importe c'est comment nous utilisons ces images et pour dire quoi sur notre vie. Paul, lui, affirme la liberté chrétienne à l'égard des puissances de la mort, et la souveraineté de Jésus Christ sur nos vies et nos morts ; de sorte que les uns et les autres se trouvent sous la grâce de Dieu. Celui qui croit est libéré du souci de son passé, de son avenir, et se trouve donc libre d'affronter de manière responsable le présent de l'exigence que représentent le prochain et le monde. Et bien plus on vieillit, comme Paul,moins on se risque à dire des bêtises Plus on mûrit en sagesse et en conviction Fait-il croire à la résurrection pour être chrétien ?? Peut-on être chrétien sans croire à la résurrection Drôle de question toi qui est Conseiller Presbytéral. Croire ce n'est pas adhérer à des formules, à des dogmes, à des affirmations comme si la foi se résumait à des mots. Pour Paul, la foi c’est cette relation au Monde, à Dieu, à soi-même. Et cette compréhension qui sont déterminée par l’événement Jésus Christ. Ma mort, mes luttes, ma vie sont liés à Jésus Christ. ! Et en Jésus Christ. il y a ces récits du tombeau vide, ces témoignages de résurrection : ils sont là Tu en fais ce que tu veux. Tu peux préférer les Paroles de Jésus, ses discours, ses paraboles, ses guérisons, ses rencontres libératrices, ses actes de colère, d’amour, de désespoir, sa croix, son abandon. Mais tu ne peux pas évacuer ces récits et ces témoignages de Pâques. Ils sont là.Comme un tombeau vide qui nous fait voir ailleurs. Comme le vide du moyeu de la roue qui permet à la roue de tourner. On n’a pas de preuve, mais une épreuve. On a pas de certitudes, mais une Parole. On a pas de vision,  mais un témoignage C’est bien dit tout cela.  En principe, un message se termine par des témoignages personnels, et un peu de poésie 1.Si vous êtes dans ce Temple, chers frères et sœurs, c’est que quelque part vous êtes concerné. Il est souvent difficile de mettre des mots sur notre foi, sur notre espérance, notre résurrection. Mais notre présence ici, ce matin, n’est pas simplement ou seulement un désir de chants, de bien être, de retrouvailles, d’habitudes. Notre présence ici est aussi une manière de dire, de confesser, même si les mots manquent que nous sommes concernés par ce récit de Pâques. Depuis ces trois femmes, en passant par Paul, jusqu’à nous, nous formons une chaîne de ces gens pour lesquels Pâques quelque part joue un rôle. Chacun, chacune devrait ici le dire avec ses mots, ses hésitations, ses convictions, , ses silences … 2.La résurrection est une contestation de l’injustice, une protestation contre l’injustice et contre le mal : Tant de gens juste sont vaincus, et tant de mal et de souffrance sont là. Que je peux pas croire que ce mal et ces malheurs soient les dernier mots, la dernière parole sur notre monde : Pour moi la résurrection, c’est affirmer que l’injustice et la souffrance n’auront  pas le dernier mot, le dernier mot sur notre monde, ses souffrances, ses injustices, c’est la résurrection de Jésus Christ. : Lieu de la dernière Parole de Dieu sur notre monde : Le risque c’est bien sur de dire : souffrons maintenant, nous serons récompensé plus tard après la mort:. Ce n’est pas la parole de Pâques : il n’y a pas de récompense et je ne sais quel paradis mais la résurrection de Jésus Christ. c’est la Parole de Dieu qui conteste ce monde, qui proteste contre ce monde, qui dit non au mal et à l’injustice : Vous l’avez tué je le fait revenir à la vie. A quoi sert la résurrection : à parler de la mort, à parler de ma mort, moi aussi je vais mourir. La résurrection n’est pas une information sur l’après mort. Et les auteurs du Nouveau Testament ne font pas un délit d’initié : Mais l’extrême fragilité humaine face à la mort est relayée par la confiance en celui qui a peur et qui prend soin. 3.Accepter la résurrection c’est accepter la mort, et c’est accepter la condition d’être humain. C’est consentir à ces deux bornes : Naissance et mort. C’est pourquoi je me moque de l’enfer, et du paradis et des purgatoire et autres machins. Avec l’homme en blanc du tombeau vide  j’entends : Un autre prend soin de celle et ceux qui vous ont quittés, comme il prendra soin de vous. C’est là justement que Dieu prend le relais. Quelqu’un d’Autre va prendre soin de nous Au XVI° siècle, le grand souci était d’échapper aux tourments de l’après-mort. Le Message des Réformateurs sera de rappeler ce message de Pâques : Votre après-mort, votre salut c’est réglé. C’est déjà, Dieu s’en occupe. Comme il a pris soin de Jésus Christ. Donc comme vous n’avez plus à vous préoccuper de votre après-mort, occupez vous de ce monde et de cet intervalle si important entre la naissance te la mort, où tout est donné et où tout reste à faire La résurrection c’est parler de la mort et de la vie entre la naissance te la mort où tout est donné et tout reste à faire. La résurrection est aussi contestation de l’injustice. C’est une Parole qui nous concerne, nous détermine quelque part, nous formate. Et c’est là avec, en plus de tout ce que Jésus a vécu, partagé, donné 4. Des témoignages ? Mme V. qui a vu des résurrections : oui, des résurrections de gens que l’on croyait morts, morts à la vie, à l’amour, mort au travail, morts au relations avec d’autres : et ils sont revenus à la vie Cette Mme V. dit : après ces résurrections-là, l’autre résurrection après la mort ne me pose pas de problème M. X qui m’a dit un jour : moi, mais  je suis déjà ressuscité : après ce que j’ai vécu à Dachau entre 1944 et 1945, je suis déjà ressuscité Et puis peut-être un film : l’Amour à Mort où la dernière Parole  du film, alors que l’ami s’en va vers la mort, la dernière parole est : nous ressusciterons Peut-être aussi le films Bleu de Kieslowski Sans doute de la musique : pour moi le prélude de la suite en sol majeur pour clavecin de d’Anglebert ! Peut être la parabole des jumeaux : enfin le silence de l’écoute de l’orgue Il y a des poèmes, des récits, de la musique, des silences, une confiance, une musique encore. Amen Pierre Magne de la Croix